Mais celle-ci doit rester circonscrite au domaine de l'art. Au moins vingt-huit poèmes développent l'idée du néant ou d'une chute dans le vide. Le jugement le condamne à une forte amende, réduite sur intervention de l'Impératrice ; il entraîne la censure de six pièces jugées immorales. Une sélection des plus beaux poèmes et prose de Charles Baudelaire classés par catégorie, de la plus lyrique poésie au plus beau poème d'amour tel que A celle qui est trop gaie, l'albatros, les fleurs du mal et autres poemes d'amour célèbres. A une dame créole. Selon un procédé analogue à la section précédente Le Vin, un nombre restreint de pièces (ici six) évoquent la façon dont des êtres humains, de condition sociale ou de tempérament différents, appréhendent le passage dans l'au-delà. Fleurs du mal L’évasion fictive du vin est suivie d’une descente dramatique vers la destruction, titre du 1 er poème de la section. Spleen et idéal dresse un constat sans concession du monde réel : c'est une source d'affliction et de blessures (le spleen), qui suscite chez Baudelaire un repli sur soi mais aussi le désir de reconstruire mentalement un univers qui lui semble viable. En observateur sensible mais avec une grande économie de moyens, il cerne les traits distinctifs de chaque saison : Deux allégories retiennent l'attention. Ses jours heureux de jadis (Le Balcon), voire d'existences passées issues d'une croyance en la réincarnation (La Vie antérieure), lui laissent un regret ineffable. 1 en octosyllabes, hexasyllabes et tétrasyllabes. Alchimie de la douleur. La figure de l'Ange surgit dès le premier poème (Bénédiction), qui énumère trois des neuf chœurs de la hiérarchie céleste : les trônes, les vertus et les dominations. Dans Les Phares, « des fanfares étranges / Passent, comme un soupir étouffé de Weber ». 3/9 « Et des flots. 8/4 « Comme un homme monté trop haut, pris de panique » (Châtiment de l'orgueil) ; Dans trois poèmes, Baudelaire fait venir des femmes des tropiques jusqu'en France. - C'est Cythère » (Un Voyage à Cythère). En quatre termes monosyllabiques, cette figure de style illustre la posture simultanée entre le Bien et le Mal. Baudelaire, les Fleurs du mal, Le Livre de poche, page 335. Le 25 juin 1857 (cent cinquante ans aujourd’hui), " Les Fleurs du Mal " de Charles Baudelaire paraissent en volume chez Poulet-Malassis et de Broise, imprimeurs-éditeurs à Alençon et à Paris. « Andromaque, je pense à vous ! Comme observé, plusieurs poèmes qui célèbrent la Capitale n'appartiennent pas à cette section. Les termes évoquant la mort reviennent avec une insistance - et même une complaisance - telles que dresser une liste exhaustive des poèmes qui les emploient peut, a priori, paraître aussi fastidieux qu'inutile. Mais il peut fonctionner à rebours. Extrait de Spleen et Idéal, 1° partie des Fleurs du mal, de Baudelaire. horizons, Baudelaire a réussi à alimenter sa poésie et à poser un regard nouveau sur le monde qui l‱entoure. »(Le Voyage) ; « Mais, si j'avais voulu t'attaquer au défautDe l'armure, ta honte égalerait ta gloire »(Châtiment de l'orgueil) ; « Voilà le souvenir enivrant qui voltigeDans l'air troublé ; les yeux se ferment ; le VertigeSaisit l'âme vaincue et la pousse à deux mainsVers un gouffre obscurci de miasmes humains »(Le Flacon) ; « Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystiqueQu'ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleilRougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique »(Le Flambeau vivant). L'admirable Recueillement (« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille ») clôt l'œuvre en la résumant : Le dégoût du monde réel, soumis au péché, et la tristesse (le spleen) qu'il inspire (« Loin ! « Les Fleurs du mal », focus sur dix-sept poèmes choisis Copier le lien. Deux animaux fascinent Baudelaire : le chat et le serpent. « Le Temps mange la vie » (L'Ennemi) et conduit inéluctablement à la mort, dont l'heure fatale sonne comme un leitmotiv. Thème cher aux poètes romantiques, le soleil couchant inspire à Baudelaire sept poèmes empreints d'une vision personnelle. La foi catholique affirme son empreinte avec, entre autres : En filigrane, la liturgie de l'Église romaine brille de tous ses fastes : Les édifices religieux confirment cet ancrage : D'autres croyances non judéo-chrétiennes apparaissent : Sans évoquer une religion précise, plusieurs termes évoquent la foi : À l'évidence, Baudelaire - fils d'un prêtre défroqué - s'exprime en chrétien qui accepte, voire réclame la souffrance en rémission de ses péchés (Les Phares ; L'Imprévu). De plus, sa liberté d'esprit, héritée d'un père né au siècle des Lumières et imprégné de rationalisme, le rend sceptique face aux « religions (...), toutes escaladant le ciel », voire critique à l'égard de « la sainteté (...) dans les clous et le crin cherchant la volupté ». Cette construction reflète le désir d'ascèse de Baudelaire, dans une quête d'absolu. Une fois passé le choc de la condamnation pénale de 1857, Baudelaire a tenté de remplacer les 6 pièces censurées. L'été, « si doux » ou au contraire « blanc et torride », brille à six reprises (La Géante ; Une charogne ; Le Balcon ; Le Vin de l’assassin ; Chant d'automne ; Paysage). Il a besoin d'un mètre suffisamment ample pour développer sa pensée. Les six sections des Fleurs du Mal retracent l ‘itinéraire de Baudelaire, le cheminement de son âme qui vit une véritable descente aux enfers. il faudrait ajouter à cette section trois pièces condamnées (in Épaves ) : « Lesbos », « Femmes damnées », « Les métamorphoses du vampire ». Seul un poème sur dix traduit le bien-être quand près du double provoque le spleen. sur les ténèbres ; / Où, cuisinier aux appétits funèbres, / Je fais bouillir et je mange mon cœur » (, « elle cherchait dans l'œil de sa pâle victime / Le cantique muet que chante le plaisir (...) Mes baisers sont légers comme ces éphémères / Qui caressent le soir les grands lacs transparents » (, « la Curiosité nous tourmente et nous roule, / comme un Ange cruel qui fouette des soleils » (, « une oasis d'horreur dans un désert d'ennui » (, « (nous avons...) salué l'énorme Bêtise, / la Bêtise au front de taureau » (, « vieux flacon désolé, / Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé » (, « noire, humide, funeste et pleine de frissons » (. Dans l'un de ses projets de préface, Baudelaire se prétend « porté à la dévotion comme une communiante ». Puis, la censure et le procès vont pousser le poète à proposer une deuxième édition de l’œuvre en Brume, froid, pluie, neige et givre s'abattent sur seize pièces (Les Phares ; La Muse vénale ; Le Balcon ; Ciel brouillé ; La Cloche fêlée ; Spleen I et II ; Brumes et pluies ; Chant d'automne ; La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ; Paysage ; Les Sept Vieillards ; Le Vin de l’assassin ; Les Métamorphoses du Vampire ; La Mort des pauvres ; À une Malabaraise). Son hypersensibilité et sa lucidité l'inclinent à la misanthropie. / Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles, / Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles, / Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs, / Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs, / Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges / Et vendre le parfum de tes charmes étranges, / L'œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards, / Des cocotiers absents les fantômes épars ! Au moins onze poèmes y font allusion. Le poète plonge alors dans la fange pour en tirer une étonnante forme de beauté. » (L'Imprévu). IV "Nous avons vu des astres (...)"V - Et puis, et puis encore ? Baudelaire s'avère très sensible aux sons, qui résonnent dans une soixantaine de poèmes - soit plus du tiers. Finalement condamné, il doit régler une amende et retirer certains poèmes des Fleurs du mal. Jésus-Christ apparaît sept fois (Les Phares ; Le Mauvais Moine ; Châtiment de l'orgueil ; Le Reniement de Saint-Pierre ; Le Couvercle ; L'Examen de Minuit ; Le Rebelle). Édition de 1868 (12 poèmes supplémentaires), « ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit, à toutes les putridités du cœur ; encore si c’était pour les guérir, mais elles sont incurables », « Je dois dire que j’ai été traité par la Justice avec une courtoisie admirable, et que les termes mêmes du jugement impliquent la reconnaissance de mes hautes et pures intentions. Régulièrement, le poète voit le liquide vital s'écouler de son propre corps (L'Héautontimorouménos ; Le Mort joyeux ; La Fontaine de sang ; Le Squelette laboureur ; L'Amour et le crâne). Ses « fleurs maladives » sont dédiées au poète Théophile Gautier[4], qualifié par Baudelaire, dans sa dédicace, de « parfait magicien des lettres françaises » et « poète impeccable ». Les deux premiers s'adressent à sa mère, qu'il aime profondément mais dont le remariage avec un officier autoritaire l'a durablement blessé. Le Voyage résume ses convictions. Quelques-uns se signalent toutefois par leur longueur : Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Absence de son, le silence s'apparente à une musique absolue (La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse), évocatrice d'éternité (Les Aveugles ; Rêve parisien). Baudelaire manifeste une complaisance masochiste dans la douleur (« Cieux déchirés comme des grèves, / En vous se mire mon orgueil (...) / Et vos lueurs sont le reflet / De l'Enfer où mon cœur se plaît » - Horreur sympathique). Cette première section dresse un bilan : voué de toute éternité à la faute, au mal et à une souffrance rédemptrice (Bénédiction), le monde réel inspire à Baudelaire un dégoût et un ennui qui vont jusqu'à lui faire envier « le sort des plus vils animaux » (De Profundis clamavi) et causent chez lui une tristesse profonde qu'il nomme le « spleen ». Cette brève section - la plus courte du recueil - ne comporte que 3 pièces : Conclusion somme toute logique, le recueil se clôt par « la Mort qui console, hélas ! Cette partie donne son nom au recueil. L’édition posthume de décembre 1868 comprend un total de 151 poèmes. Rappelons enfin que dans la mythologie grecque, c'est le Chaos - terme désignant une « faille béante » - qui engendre les cinq divinités primordiales créatrices de l'univers. Elle ne reprend pas les poèmes condamnés par la censure. - dans quel vin ? L'au-delà s'agite à travers ses inquiétantes créatures : Enfin, le néant clôt cette longue liste et engloutit tout (Le Jeu ; Le Goût du Néant ; Le Squelette laboureur ; Danse macabre ; Femmes damnées - Delphine et Hippolyte ; Le Gouffre). La sérénité ne semble accessible qu'en faisant revivre un passé révolu (Parfum exotique). Baudelaire, les Fleurs du mal, Le Livre de poche, page 334. mal-être métaphysique (Baudelaire est une âme angoissée qui doute de Dieu). Charles Baudelaire. Le titre laisse entendre que les voies du Beau et du Bien ne convergent pas nécessairement[20] (« Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme / Ô Beauté ? Seuls trois conduisent à l'idéal (Tristesses de la lune ; Les ténèbres ; Les Yeux de Berthe). Les Fleurs du Mal s'épanouissent entre les murs d'un « cimetière immense et froid » (Une Gravure fantastique). Il est exclu de la numérotation des poèmes. Seul un poème lui prête une intention hostile, à travers des « baisers froids comme la lune » (Le Revenant). « nous volons au passage un plaisir clandestin / Que nous pressons bien fort comme une vieille orange » (, « je suis belle, ô Mortels ! Elles feront date et inspireront de nombreux poètes ultérieurs. Baudelaire, en tant que l’un des grands écrivains modernes, se sépare des écrivains romantiques. Baudelaire exploite un thème inédit dans la poésie française : le chat. Dans le mystique Harmonie du soir, il assouplit la formule du pantoum, basée sur une stricte répétition. Baudelaire résume leur désillusion en reprenant deux fois, mot pour mot, l'image suggestive des « cocotiers absents ». Elle rénove la forme rigide du sonnet. Cette vive appréhension a pu naître - ou s'exacerber - lors du naufrage qui écourta le périple de 1841 (voir ci-dessous, La mer). Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867. Durant ce périple qu'il déteste, maussade, il ne se mêle pas à l'équipage. LES FLEURS DU MAL (Édition de 1861) En célébrant la ville, il ouvre une voie nouvelle. Sur les 163 pièces composant les Fleurs du Mal, on compte : Baudelaire affectionne le sonnet puisqu'il l'utilise dans plus de quatre poèmes sur dix. Composition originale : 3 strophes séparées par un refrain, heptasyllabes et pentasyllabes : le poème présente une forte musicalité. le reflet dans un miroir, qui ouvre les portes d'un monde imaginaire enchanté ; diverses sensations physiologiques (notamment l'olfaction et l'ouïe) qui se combinent et composent un univers idéal. Elle fut écrite à l'île de la Réunion (alors. Son dandysme lui impose le détachement. Elle plane régulièrement, bienveillante et tutélaire (Bénédiction ; Avec ses vêtements ondoyants et nacrés ; Je te donne ces vers afin que si mon nom ; Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ; Le Flambeau vivant ; Réversibilité ; L'Aube spirituelle ; L'Irrémédiable ; Chanson d'après-midi ; Le Vin des amants ; Les Métamorphoses du Vampire ; Le Reniement de Saint-Pierre ; La Mort des amants ; La Mort des pauvres ; Hymne ; L'Imprévu ; La Rançon ; Le Rebelle) mais parfois perverse ou hostile (Les Bijoux ; Le Flacon ; Le Revenant ; Une Martyre ; Le Voyage). le vers initial est répété en fin de strophe : la strophe initiale est répétée en fin de poème, avec une variante (, une strophe-refrain est intercalée entre des strophes (, plusieurs strophes sont répétées selon un schéma complexe (. Le sommeil provoque des résultats positifs variés : Mais saisi par la crainte du vide (voir ci-après), Baudelaire avoue : « J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou » (Le Gouffre). Là, si elles suscitent admiration et amour (À une dame créole), elles éprouvent surtout le mal du pays dû aux rigueurs climatiques comme à l'âpreté humaine. Dès lors, ce titre s'impose définitivement. Introspectif enclin aux aventures intérieures, Baudelaire est avant tout un voyageur en chambre. Cadre d'élection où il aura passé toute son existence, Paris fascine Baudelaire. Le 30 août, Victor Hugo écrit à Baudelaire : « Vos Fleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles ». L’édition définitive du recueil présente une division en six sections précédées d’un poème préliminaire intitulé « Au Lecteur ». Ce chiffre lui apparaît comme un nombre d'or, symbole de perfection. Rompant avec un romantisme qui, depuis un demi-siècle, loue la Nature jusqu'à la banaliser, elle célèbre la ville et plus particulièrement Paris. On connaît la pénétrante perspicacité de ses critiques d'art. Quand Baudelaire sera condamné, il ne le défendra pas et gardera le silence - Baudelaire, les Fleurs du mal, Le Livre de poche, page 345. l'édition de 1861, présentée comme SECONDE ÉDITION AUGMENTÉE DE TRENTE-CINQ POËMES NOUVEAUX, comporte 32 nouvelles pièces. Elle rayonne presque toujours d'ondes positives exprimant : Principe de vie, elle fuit le monde des morts (Spleen II). Couvert d'opprobre, son auteur subit un procès retentissant. Aujourd’hui, je vous propose une poésie extraite des Fleurs du Mal (1857) de Charles Baudelaire (1821-1867). CHARLESBAUDELAIRE LES FLEURS DU MAL 1861 Untextedudomainepublic. Le résultat s'avère mitigé : au moins huit poèmes débouchent sur le spleen quand sept provoquent une correspondance qui conduit à l'idéal. procès des Fleurs du mal: extrait sur la composition de l’œuv e. - Ecit d’invention et d’a gumentation : courte plaidoirie en faveu d’un poème interdit, lors du procès de 1857.