François Méjan, conseiller d'État (1960-1978), conseiller juridique de l'Église réformée de France, et président de la Société de l'histoire du protestantisme français (1978-1982)[157],[158] écrivit même que le clergé travaillait « à la sécession totale de la France d’outre-mer » et « favorisait les revendications nationalistes d’indépendance totale »[159]. Comme Bodard, il devient très proche du général De Lattre[51], arrivé fin 1950, qui pense que le conflit « se gagnera d'abord avec le soutien de l'opinion publique » et créé donc un "camp de presse"[52] où « d'âpres marchandages ont lieu dans le bureau des censeurs »[52], qui « raturent, coupent »[52]. Malgré l'intervention indirecte américaine, la France, dont les forces militaires étaient exténuées par la résistance adverse et plusieurs années de combats de plus en plus impopulaires en métropole, dut renoncer après la lourde défaite de Diên Biên Phu de mai 1954. En tout, entre 1951 et 1954, les États-Unis déboursent 1,525 milliard de dollars[25] (15 milliards actuels). Beaucoup de prisonniers militaires français passent dans des camps d'internement, situés dans les régions sous contrôle indépendantiste. La guerre éclate au grand jour à la fin 1946, quand le Việt Minh tente un coup de force contre les Français puis prend le maquis. La difficulté de l'opinion à se faire une opinion sur la guerre d'Indochine est importante. Dès la fin de 1946, le directeur du cabinet de d'Argenlieu tente d'étendre son influence à la presse écrite: il convoque René Dussart, correspondant de Paris-Presse après une dépêche du 20 décembre décrivant des bavures « commises par des militaires français sur la personne d'Annamites du Viêt-minh » qui avait entraîné un éditorial au vitriol de Franc-Tireur, mentionnant la lettre d'un soldat français comparant les faits au Massacre d'Oradour-sur-Glane. Philippe Farine, député du Mouvement républicain populaire (MRP) des Alpes-de-Haute-Provence et benjamin de l'Assemblée nationale [164], déclare ainsi que c'est Maurice Thorez qui a « signé les instructions aux troupes françaises », lors des débats parlementaires, agités du 27 janvier 1950, où il s'oppose à l'épouse de ce dernier et au communiste Auguste Lecoeur, selon qui le MRP veut dissimuler des « crimes colonialistes ». Les économies d'échelle permettent d'être le mieux placé pour couvrir l'actualité internationale : France-Soir franchit le cap du million d'exemplaires dès 1953[128] ou 1954[réf. Le général Catroux rejoint le général de Gaulle sur son chemin de retour en France. L'Indochine est un ensemble de provinces asiatiques qui faisaient partie de l'empire colonial français. L'Union soviétique ne disposait pas encore de l'arme nucléaire, et la Chine restait sous la férule de Tchang Kaï-chek. 1954 : Chute de Dien Bien Phu. Mal vue par certains généraux[64] puis par le Viet Minh, qui finit par refuser d'accréditer un correspondant[64], l'AFP n'a droit qu'à quelques communiqués, parfois à survoler des champs de guerre[64]. Mouloudji ajoute lui Le Déserteur à son programme de concert le 7 mai 1954[179], jour de la défaite de Diên Biên Phu[179], mais en modifiant la fin, qui parlait de « je sais tirer » (sur les gendarmes, remplacée par « ils pourront tirer »[180],[181]. — Général Yves Gras, Histoire de la guerre d'Indochine, Éditions Denoël, 1992, p. 561. 1949, Victoire de Mao en Chine. Participent à la conférence de Genève la France, les États-Unis, l'Union soviétique, la Grande-Bretagne, l… En 1947, D'Argenlieu obtient aussi le renvoi en France de Jacques Dauphin, après lui avoir reproché des dépêches pas assez valorisantes pour l'armée[62] puis celui du directeur du bureau Pierre Norgeu, au prétexte d'une erreur du desk parisien dans une dépêche sur ses projets personnels[62], qui aurait pu gêner celui de créer un service en anglais sur l'Indochine, finalement jamais abouti. Son opposition à la Guerre d'Indochine le prive de Martial Bonis-Charancle, secrétaire général administratif, qui avait joué un rôle-clé dans la naissance du Monde[74], qui sort de son bureau en lançant: « Vous avez un clairon qui ne sonne que les défaites! L'espace médiatique sera aussi dominé par l'interventionnisme d'un autre général De Lattre de Tassigny, qui en octobre 1951 voyage jusqu'à Rome pour convaincre personnellement le pape Pie XII de recadrer les évêques et notables catholiques du Viêt-nam, qu'il juge trop indulgents envers le Vietminh[34], après avoir mis en place à Saïgon un contrôle envahissant des médias. La guerre d’Indochine fit plus de 500 000 victimes[15] et fut suivie par la guerre du Viêt Nam (1955-1975). Mais l'aspect communiste du Việt Minh, le déclenchement de la guerre de Corée en 1950, l'avènement d'une Chine communiste en 1949 qui assura une aide logistique importante au Việt Minh, et la confrontation de plus en plus avouée entre les États-Unis et le monde marxiste-léniniste achevèrent de transformer la guerre d'Indochine en un conflit armé ancré dans la Guerre froide. L’Indochine française de 1946 s'est alors retrouvée dans les prémisses de ce qui participera plus tard à la guerre froide. À noter que la fin de cette guerre coïncide sensiblement avec le début de la guerre d'Algérie, qui durera huit ans elle aussi. cinquante ans de passions françaises, 1954-2004", par Alain Ruscio, Serge Tignères Editions Les Indes savantes, 2005, Selon la thèse consacrée au sujet par Delphine Robic-Diaz: "La Guerre d’Indochine dans le cinéma français. Ainsi, les armées japonaises furent autorisées à circuler librement de la frontière de Chine jusqu’au Siam (renommé Thaïlande en 1939). En 1946 encore, 63% des Français pensaient que l'Indochine restera française et seulement 12 % le contraire[60]. Cependant, il n'y a qu'un seul parti s'opposant à la guerre : le PCF Début 1958. Pour consolider son anticolonialisme, Hubert Beuve-Méry publie l'hebdo Une semaine dans le Monde, d'avril 1946 à septembre 1948 [73]. Cette chronologie de la guerre du Vietnam a été compilée par les auteurs d’Alpha History. Avec la mobilisation lors du procès du militaire Henri Martin, condamné le 20 octobre 1950 à cinq ans de prison pour complicité de sabotage, c'est l'un des deux axes de l'opposition du PCF à la Guerre d'Indochine, selon l'historien Jean-Pierre Rioux[175]. La volonté d'influencer les médias pour gagner l'opinion publique recourt à tous les procédés : censure, pression, mais aussi soutien appuyé, par divers moyens, y compris matériels, à des journalistes "amis", qui donnent écho au discours des généraux. Philippe de Baleine et Willy Rizzo, « Dans Na-Sam assiégée », Paris Match, no 194, 29 novembre-6 décembre 1952. La guerre entre Français et Việt Minh, outre un lourd bilan humain et matériel, aura d'importantes conséquences dans l'avenir du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge. C'est seulement entre 1962 et 1966, après la Guerre d'Algérie, que les auteurs sont nombreux à écrire sur la guerre d'Indochine avec 78 ouvrages parus en seulement 4 ans[183]. — Yves Gras, Histoire de la guerre d’Indochine p. 489, Plon, Paris, 1979. « Recherches asiatiques », 24 cm. Souvent, l’attaque d’un poste avait pour but la sortie d’une colonne de secours à détruire. Elle était constituée par le Canada, la Pologne et l'Inde. Quatre mois plus tard l'autorité française est rétablie au protectorat du Cambodge et dans la colonie de Cochinchine (Sud du Viêt Nam actuel). Le nombre des combattants français n'a jamais dépassé 69513 (en 1952), et le nombre morts n'a connu sa pire qu'année qu'en 1954 avec 4 158 soldats, souvent dans des escarmouches et embuscades, sans véritables combats frontaux. À la veille de la Seconde Guerre mondiale , les Français n'envisagent pas de laisser accéder le Cambodge à l'indépendance dans un avenir proche. Au RPF, qui voit peu à peu affluer les partisans de la guerre, le leader De Gaulle a exclu tout meeting sur le sujet[29] et salué « avec soulagement et quasi-gratitude une fin scellée »[29] en 1954-1955 par Pierre Mendès France. Même s'ils sont bien renseignés par les militaires, les quotidiens de droite échouent ou répugnent à mobiliser la sympathie de leur lectorat, ce qu'Henri Amouroux, grand reporter à Sud Ouest et à L'Aurore, résumera par « la métropole traite le corps expéditionnaire comme une immense Légion étrangère »[30]. Guerre 39 - 45; Guerre d'Indochine; Guerre d'Algérie; Opérations extérieures : Maroc, Tunisie, Liban, etc... Commémorations; Education. Un ton qui tranche avec celui, dans le même journal trois ans plus tôt, de l'ex-député, ingénieur militaire et commissaire à l'Indochine française Jean Bourgoin[161], selon qui 'Indochine, « fédérée par l'arbitrage et le ciment de la civilisation française, cesserait d'exister le jour même où elle viendrait à l'indépendance ». Lucien Bodard y place un de ses amis, le jeune pigiste Robert Aeschelmann, et le général met un appartement à disposition de son épouse Mag Bodard[51], qui écrit sur la vie urbaine à Saïgon et Hanoï[53],[54],[55] et devient la maîtresse du patron de France-Soir Pierre Lazareff[56], qu'elle épousera après la guerre, comme le révèlera le patron des deux palaces locaux, "Le Continental" et "Le Majestic"[56],[Note 1]. Au cours de l'année 1945, l'évêché tonkinois de Mgr Le Huu Tu et celui de Bui-Chu, juste à côté, sont des môles de résistance à la pénétration française[34] et que « jamais ses relations avec les chefs militaires français ne furent aisées »[104]. France's world newspaper, 15 juillet 1954. La guerre de reconquête coloniale se transforme alors progressivement en une guerre civile[non neutre]. demandait Charles-Robert Ageron dans un article publié dans Le Monde, le 26 août 1992 [1]. Les partisans de l'Indochine française au sein du monde catholique ont tenté de mobiliser l'opinion publique mais se heurtèrent à d'autres catholiques, de France comme d'Indochine, et aux principes édictés par le pape Benoît XV (1914-1922) d’abandonner progressivement la logique colonialiste[34]. Une évolution où le désintérêt croissant de l'opinion conservatrice a joué un rôle important, tandis que se mobilisaient les opposants à la guerre. Le mémorial des guerres en Indochine se trouve à Fréjus : environ 34 000 noms y sont inscrits. nécessaire]. À compter de 1950 et dès le début de l'année, le conflit est contesté par des actions violentes lors de la grève des dockers de 1949-1950 en particulier à Marseille mais aussi dans de nombreux ports de France. Dès lors, la France fait en Indochine une guerre avec les dollars américains et les soldats des troupes françaises et coloniales. En juillet 1949, le journal Témoignage chrétien publie le récit de Jacques Chegaray sur l'utilisation de la torture par l'Armée[160] et deux mois après c'est le nouveau quotidien breton Ouest-Matin, fondé peu avant par des chrétiens de gauche, qui fait d'autres révélations, suscitant l'animosité d'une bonne partie des chrétiens contre la guerre. Comme les ouvriers de la Commune en 1871, comme les bolcheviks à Léningrad. Quallions-nous faire, et quavons-nous fait, en Indochine ? Fin 1949, Bourdet signe aux côtés d'André Gide et Louis Jouvet[87] une pétition réclamant des négociations de paix[87]. Le 17 janvier 1949 Guy Mollet, insiste auprès du gouvernement sur la nécessité de traiter avec Ho Chi Minh[162] et dénonce l'accord passé la veille avec Bao Daï[162], pourtant une chance " bien fragile " de résoudre ce conflit, selon Robert Verdier, dans Le Populaire, quotidien socialiste[162].. Fin 1950, un nouvel article de la presse socialiste belge, qui compare la réussite du Gouvernement travailliste anglais en Inde et les échecs de la politique française en Indochine est critiqué par l’Ambassadeur de France à Bruxelles, Raymond Brugère[47].